Le crowdlending se développe fortement par l’arrivée de nouvelles plateformes et de plus en plus de prêteurs se laissent tentés par des taux de rendement important. Pourtant ces placements sont risqués et nous vous donnons 3 raisons de ne pas prêter aux entreprises.
Préambule : Le fonctionnement du financement participatif par le prêt
Le principe repose sur :
- des emprunteurs qui désirent obtenir des financement en évitant donc les prêts bancaires classiques
- et les prêteurs qui cherchent à obtenir des taux de rendement satisfaisant, supérieurs aux taux d’épargne classiques.
Entré en vigueur depuis le 1er octobre 2014, le décret d’application concernant la libéralisation du crowdfunding a permis le développement de cette solution de financement en France.
1ère raison : La concurrence entre plateformes les poussent à accepter de plus en plus de dossiers … et de baisser la qualité
Depuis l’allègement de la réglementation, de nombreuses plateformes ont demandé le statut d’intermédiaire en financement participatif. Il faut bien comprendre que le marché n’est pas exponentiel et que la plupart de ces plateformes ne survivront pas. Avez vous envie de faire confiance à ces plateformes ?
De plus, les plateformes de prêt rémunéré qui servent donc d’intermédiaire entre les emprunteurs et les prêteurs doivent s’assurer de la fiabilité des dossiers et s’assurer de la capacité de remboursement des emprunteurs. Cependant elle sont rémunérées au résultat, généralement entre 3 et 4% du montant financé. Elle peuvent donc avoir tendance à revoir à la baisse leurs critères de sélection afin d’accepter de plus en plus de dossiers afin d’améliorer leur rentabilité.
En effet, les plateformes doivent s’assurer d’un certain nombre de points pour vérifier les capacités de remboursement mais en ont-elles réellement les moyens ? Tant en terme de personnel que des compétences techniques ce n’est pas aussi simple qu’il n’y parait.
2ème raison : Les plateformes vous vendent du rêve
On vous parle de taux d’intérêt compris entre 4 % et 10 %… mais il ne faut pas oublier que ce taux annoncé est brut. Vous devrez déduire les prélèvements sociaux (CSG, CRDS) à hauteur de 15,5 % puis l’impôt sur le revenu selon le barême progressif.
Ce taux reste supérieur à un livret mais compte tenu du risque, il n’est pas si intéressant que ça …
3ème raison : Vous risquez de tout perdre
La question du risque se pose concernant les prêts destinés aux entreprises. En effet, dans le pire des scénarios, l’entreprise ne pourra pas rembourser les emprunts, suite par exemple à une faillite, et les emprunteurs auront donc tout perdu. Certes, à ce jour, le taux d’impayés ne serait que de 0.32% (d’après les principales plateformes) mais on a encore très peu de recul pour estimer précisément ce taux d’impayés.
Conclusion
Prêter aux entreprises en se passant des banques comme intermédiaire semble quelque chose de novateur et rentable mais, au final, si on prend en compte les taux et les risques d’impayés on se rend compte que ce n’est plus du tout si avantageux que ça le paraissait. Le modèle du prêt en peer-to-peer constitue bel et bien un investissement, et que celui-ci peut comprendre des risques liés au remboursement, en effet comme dans tout investissement le risque zéro n’existe pas, reste à savoir si le risque en vaut la chandelle.
Une réponse à “3 raisons de ne pas prêter aux entreprises”
Laurent
Très clair post qui nous rappelle que « les banques » ont comme première mission d’occulter l’asymétrie d’information existant entre les emprunteurs (optimistes) et prêteurs (pessimistes)…
Cette asymétrie est dangereuse pour les prêteurs non professionnels.
Vaste débat.
Mathieu
Bonjour @Laurent
Merci pour votre commentaire. Je précise juste pour les lecteurs que vous êtes de Finexkap, pépite française spécialisée dans le financement de factures 😉
Laurent Eric
Bonjour,
Il est risqué de prêté de l’argent à une entreprise qui ne maîtrise pas son business system en tout point mais il est très rentable de prêté à une entreprise qui maîtrise son business system en tout point.
Exemple d’entreprises à bonne image se révélant être un grand foutoir: Fortis ou Leehman….
L’investissement dans une PME qui s’est donné les moyens organisationnels de maitriser son commercial, son opérationnel, ses finances et qui dispose des outils organisationnels motivant est sans aucun doute ce qu’il faut faire si on veut prendre des risques limités et que l’on veut les apprécier soi-même.
Les banques sont parfaitement incapables d’analyser la pertinence et la fiabilité de ces systèmes.
La maitrise d’une entreprise s’opère en amont de l’activité, alors que le monde financier triture des chiffres globaux sans rien comprendre au terme valeur ajoutée. Alors comment pourrait-il en créer ou la garantir?
Voilà pourquoi tout ce qui dépend de la finance va très mal. Les normes créée pour comparer relèvent d’une comptabilité créée dans un autre but par Napoleon et en plus, dans un monde qui change, les financiers s’accrochent au « tout le monde sait que ».. alors que visiblement ils ne savent pas grand chose. En plus, rappelons-leur que l’on a pas inventé l’ampoule en améliorant la bougie!
Alors, si vous comprenez un « business » et si constatez que les outils de maitrise du plan d’affaires sont efficaces, alors n’hésitez pas: Investissez dans le local avec haut rendement!
Pour mémoires, on parle toujours de 15% de rentabilité dans le domaine des services… en grande entreprise, on parle de 15% du capital et ne pme, on parle de 15% du Chiffre d’affaires…
Merci!
julien
C’est marrant de voir toute la décrédibilisation mise au point sur un seul article.. En gros « Ne prêtez pas, c’est risqué ».
je vous rappelle que les actionnaires, les lobbys, les banques.. jouent avec l’argent, spéculent, achètent et revendent.. en réinjectant tellement peu dans les entreprises que se sont eux qui se font les couilles en or en creusant chaque jour un peu plus les inégalités.
Je préfère encore investir dans une entreprise qui a un avenir que de laisser mon argent dans une banque qui tirera tous les profits sans jamais rien verser en retour.
Manu SIFP
Je réponds au commentaire de Julien qui est très intéressant et qui n’est absolument pas tendre envers les banques et plutôt très clément envers les plateformes qui trouvent grâce à ses yeux.
Je lui conseille de se mettre dans un premier temps à la place d’un dirigeant de PME/TPE :
Est ce que pour lui, une banque qui lui facture 1 % de frais de dossier sur un financement est plus chère qu’une plateforme qui lui taxe 3 à 4 % d’entrée + 1 % sur chaque échéance ?
Est-ce que pour lui, une banque qui prête à 1.5 % est plus chère qu’un prêteur qui lui prête jusqu’à…10 % d’intérêt sur x années ?
Si les plateformes ont des problèmes pour rechercher des emprunteurs de qualité pour accepter qu’on leur prête à de telles conditions, ce n’est pas pour rien…Ce n’est pas faute de pub (les magazines économiques parlent souvent de crowdlending et beaucoup de Français connaissent le financement participatif)
Est ce que prêter à des TPE/PME à des taux exorbitants alors qu’on finance des grandes entreprises à moins de 1 % va réduire les inégalités ??? Je n’en suis pas sûr..
Ensuite, qu’il se mette à la place du prêteur :
Donner l’illusion que ton épargne rapportera in fine 7-8 % par an est un pure mensonge. Mensonge car on ne parle pas de fiscalité et on ne parle pas assez des risques importants de prêter à des PME-TPE.
Regarde les plateformes comme Finsquare, Unilend mais aussi d’autres plateformes qui au final en déduisant la fiscalité et la casse te font perdre de l’argent…Ca ils ne te l’ont pas dit bien sûr au départ ! Et même si tu as bien diversifié depuis le départ, tu es perdant…
SI tu places ton argent sur un fonds en euros d’un contrat d’assurance vie, il te rapporte peut être 2 % mais ton épargne est protégé…Le sans risque te rapporte en moyenne davantage !!!
Je ne te parle pas de certains emprunteurs escrocs dans le crowdlending qui ne rend pas trop ce placement « éthique » de mon point de vue…
Bref, tu vois que tu sois dans le rôle d’un emprunteur ou d’un prêteur, ce n’est pas si simple avec le crowdlending…