La réglementation du crowdfunding fin 2014 a permis la création de nombreuses plateformes de Lending et le développement du financement aux TPE et PME. Par ailleurs plusieurs initiatives ont vu le jour pour protéger le patrimoine des prêteurs. Enfin le gouvernement a décidé de donner un coup de pouce fiscal à ce financement alternatif en donnant la possibilité de déduire les pertes en capital des intérêts futurs. Alors 2015 n’est elle pas l’année du Crowdlending ?
2015 a vu la création de nombreuses plateformes
Après Unilend, Finsquare ou encore Lendopolis en 2014, près d’une dizaine de plateformes ont débuté leur activité de financement en 2015. On peut notamment citer Lendix, Credit.fr, Lendosphère, Bolden, Prexem, Pretup, Pretgo, Tributile et plus récemment PrêtStory ou encore Prêt à la Carte.
Des levées de fonds records ont fait parlé d’elles
Le crowdlending a profité de levées de fonds pour près de 17 millions d’euros en 2015, toutes plateformes confondues :
- Unilend a levé 8 millions d’euros auprès des fonds d’investissement Ventech et 360 Capital Partners et de Bpifrance
- Credit.fr a levé 3,5 millions d’euros auprès de Truffle Capital et de Geoffroy Roux de Bezieux
- Lendix a levé 3,2 millions d’euros auprès de Decaux Frères Investissements, la Banque Wormser Frères, Sycomore (société de gestion de portefeuille indépendante) et deux offices familiaux de dimension internationale entrent à son capital. Ils rejoignent Partech Ventures, Weber Investissements et l’équipe dirigeante de 123Ventures qui avaient injecté 7 millions d’euros dans la plateforme en novembre 2014
- Finsquare a levé 1,5 millions d’euros auprès d’Edenred et Aviva
Le financement a été multiplié par 4 en 2015
Le développement du crowdlending a permis de financer les entreprises à hauteur de 31,5 millions d’euros en France d’après le baromètre du crowdlending de 2015. On dénombre 12 plateformes actives sur 2015.
Pour rappel, le prêt aux entreprise par des particuliers représentait un peu plus de 7 millions d’euros en 2014 soit 4 fois moins.
Des partenariats stratégiques avec des institutionnels ont vu le jour
Certains institutionnels se sont intéressés au secteur en 2015. Groupama Banque par exemple a choisi de prêter 100 M€ en 4 ans aux projets de la plateforme Unilend. Allianz devrait investir entre 5 et 10 M€ sur la plateforme Lendosphère, spécialisée dans la transition énergétique.
Par ailleurs, les actionnaires institutionnels de Lendix ont promis de prêter 25 millions d’euros sur la plateforme.
Des assurances protègent les prêteurs
Au cours de l’année, plusieurs plateformes ont mis en place des assurances pour protéger les prêteurs en cas de défaillance. C’est notamment le cas de Finsquare qui permettrait de garantir jusqu’à 50 % du capital.
La plateforme Prexem a introduit un fond de protection des prêteurs dès sa création. Il permet d’indemniser les prêteurs en fonction d’un montant prédéfini au moment de la collecte.
Plus récemment, Prêt à la Carte a proposé une assurance en collaboration avec Particeep et Axa Creditor.
Les 1ers défauts de paiement ont eu lieu
L’année 2015 a malheureusement permis aux prêteurs de connaître leurs 1ères défaillances. On en dénombre une quinzaine à ce jour pour 3 plateformes dont Unilend, Finsquare, Lendopolis. Il s’agit d’ailleurs des plateformes les plus anciennes en France, on peut donc s’attendre à d’autres impayés sur les autres plateformes lancées en 2015.
Le gouvernement a donné un coup de pouce fiscal
Au mois de décembre, les députés ont voté un amendement permettant de déduire les pertes en capital des intérêts de 5 années suivantes. Cette avancée fiscale ne s’applique qu’aux contrats de prêt signés à partir du 1er janvier 2016 et ne concerne pas les bons de caisse utilisés par plusieurs plateformes. Unilend vient d’ailleurs de modifier son système pour permettre aux prêteurs de bénéficier de cette déduction future.
Les entreprises peuvent prêter à d’autres entreprises
La loi Macron, notamment grâce à l’amendement Fromantin, autorise désormais le crédit inter-entreprises.
Et en 2016 …
Jean Benoit Gambet, un des spécialistes du crowdlending, prévoit une collecte de 60 M€ en 2016, soit une nouvelle multiplication par 2 du marché.
On sait aussi que certaines plateformes vont se développer à l’international. Lendix notamment devrait ouvrir sa plateforme en Espagne au 1er semestre 2016 puis en Italie. C’est aussi le cas de Prêt d’Union.
Certaines plateformes françaises pourraient disparaître faute de moyens suffisants alors que certaines plateformes étrangères, européennes notamment, pourraient concurrencer nos plateformes françaises sur leur territoire.