L’année 2016 a certainement été une année charnière pour le crowdlending en France. Cette fin d’année est l’occasion d’en faire le bilan et la rétrospective avant d’attaquer de plein fouet l’année 2017 …
L’évolution du marché en 2016
Même si l’année n’est pas encore terminée, on sait déjà que le crowdlending aura permis de financer près de 80 M€ en 2016 contre 31,5 M€ en 2015, soit une multiplication par 2,5. On note tout de même une croissance moins forte sur les 2 derniers mois de l’année (+ 18% en novembre)
Les chiffres sont supérieurs aux prévisions de Jean Benoit GAMBET (Eiffel Investment Group) qui évoquait un marché de 65 M€ en 2016, en s’appuyant sur l’évolution passée des marchés étrangers. Les plateformes, quant à elles, prévoyaient un marché de 140 M€, loin d’être atteint … Ces dernières ont certainement dû revoir leur business plan 😉
L’évolution de la réglementation
L’année 2016 a vu la création des minibons et le relèvement des seuils légaux. Du fait de cette nouvelle réglementation, certaines plateformes, unilend et Lendosphère notamment, ont fait évoluer leur statut IFP vers celui de conseiller en Investissements participatif (CIP). D’autres plateformes ont un dossier en cours d’instruction auprès de l’AMF en vue de l’obtention de ce statut.
Pour les plateformes CIP, les seuils sont désormais de :
- 2,5 M€ pour les emprunteurs (1 M€ auparavant)
- Aucun plafonds par projet pour les prêteurs particuliers
Pour les plateformes IFP (qui ne souhaitent pas utiliser le minibons), les seuils sont donc de :
- 1 M€ pour les emprunteurs (inchangé)
- 2 000 € par projet pour les prêteurs particuliers (1000 € auparavant)
Pour rappel les pertes en capital sont déductibles des intérêts futurs depuis le 1er janvier 2016 sur les contrats de prêt. Cette particularité fiscale ne s’applique toujours pas aux minibons à date.
Les faits marquants en 2016
Alors que le marché a pour la 1ère fois connue une certaine forme de concentration avec l’acquisition de Finsquare par Lendix (200 K€ d’après le BODACC), de nouvelles plateformes ont pris le risque de se lancer au cours de l’année. C’est notamment le cas de Les Entreprêteurs, WeShareBonds, PrêtStory, Options.bzh, …
A côté du prêt aux entreprises, 2 nouvelles formes de financement participatif ont vu le jour. Tout d’abord, les plateformes Collecticity et Lendopolis permettent désormais de financer les collectivités locales. Ensuite Studylink et Edukys ont introduit le prêt aux étudiants en France. Il est bien sûr trop tôt pour anticiper l’évolution de ces nouveaux marchés.
L’année 2016 a aussi permis d’assister à de belles levées de fonds. Lendix a réalisé une levée de 12M€ auprès de CNP Assurances et MATMUT, KissKissBankBank a levé 5,3 millions d’euros auprès d’Orange et New Alpha a investi 2,5 M€ dans Unilend. De son coté, la plateforme belge Look&Fin a réalisé un tour de table de 3 M€ auprès de family Offices (4 Venture, Extend Holding, … ) et d’entrepreneurs de renom.
Véritable nouveauté de l’année, nous avons assisté aux 1ers partenariats banque / Plateforme. En effet, alors qu’HelloBank a mis en avant Credit.fr auprès de ses clients particuliers, La Banque Postale est entrée au capital de WeShareBonds à hauteur de 10 % en vue de développer une nouvelle offre auprès de ses clients professionnels.
Ces partenariats démontrent une institutionnalisation de ce marché, les banques n’étant pas les seules à s’intéresser à ce secteur. On peut notamment citer les assureurs (AVIVA, AG2R, … ) avec la création du fonds Prêtons Ensemble de 100 M€ destiné à financer les TPE et PME par l’intermédiaire des plateformes françaises de crowdlending.
Par ailleurs certaines plateformes ont travaillé leur notoriété auprès du Grand Public par la diffusion de publicités TV, notamment sur les chaines de la TNT. Ce fut notamment le cas de Younited Credit, Unilend ou encore Lendix.
Parmi les faits marquants de 2016, on peut aussi noter le lancement de l’autolend par Unilend, qui a d’ailleurs fait, et qui continue de faire débat sur ce forum.
Enfin l’internationalisation des plateformes a débuté en 2016 et devrait s’accélérer au cours de l’année 2017. Ainsi Lendix est désormais présent en Espagne et devrait rapidement s’étendre à l’Italie. De son côté, Younited Credit s’est d’abord développé en Italie et devrait prochainement arriver en Espagne.
L’explosion des taux de défaut
Malheureusement l’année 2016 a aussi vu les taux de défaut exploser. A date les taux de défaut en nombre sont les suivants (d’après les pages statistiques) :
- Unilend : 8,09 % (15,58 % sur 2014)
- Lendopolis : 6,40 %
- Prexem : 4,88 %
- Bolden : 2,63 %
- Pretup : 1 %
- Lendix : 0,60 %
Même si la page statistique n’est plus visible, on peut aussi signaler le taux de défaut incroyablement élevé de « Feu » Finsquare, qui doit désormais représentait entre 20 % et 25 % des dossiers financés.
Espérons désormais pour les prêteurs, qu’en 2017, les plateformes ne privilégieront pas le volume au détriment de la qualité !
Une réponse à “Bilan / Rétrospective du crowdlending français en 2016”
François DENIS
Les plateformes sélectionnent les projets, ce qui permet de diminuer le risque mais il ne sera jamais non nul!