Pas un seul jour ne passe sans que le crowdlending ne fasse l’objet d’un article de presse. Dans un 1er temps les journaux s’intéressaient aux entreprises et à la possibilité d’emprunter sans les banques. Désormais la presse spécialisée en gestion de patrimoine évoque le financement participatif du côté des investisseurs / prêteurs. Mais est ce rentable pour ces derniers ?
A priori oui
En parcourant les sites internet des plateformes, ce placement semble intéressant. En effet celles-ci annoncent des taux entre 4 et 11 %, utilisant même l’argument que ces taux sont bien supérieurs au livret A.
Avec la baisse du taux du livret A à 0,75 % au 1er août 2015, elles se sont donc toutes empressées de communiquer sur le sujet et de proposer un placement alternatif qu’est le crowdlending.
Mais attention aux couts cachés …
Les taux annoncés s’entendent bruts, il faut donc tenir compte de la fiscalité selon le barème progressif de l’impôt sur le revenu. Mais ce n’est pas tout car il faut aussi appliquer 15,5 % de CSG CRDS. Ainsi les taux nets ont plutôt compris entre 2,18 % et 6 % (sur la base d’un taux marginal d’imposition de 30 %).
Ça reste bien entendu supérieur au livret A mais avec des risques élevés.
Par ailleurs ces taux ne sont valables que si l’argent est placé sans interruption. En effet dès qu’un remboursement intervient il convient de replacer immédiatement. Ceci n’est malheureusement pas toujours possible du fait de plusieurs raisons :
- Un nouveau projet n’est pas forcément disponible au moment du remboursement d’un précédent
- Même en prêtant immédiatement, le déblocage des fonds n’intervient qu’après quelques jours voire semaines. Pendant ce laps de temps, votre argent n’est pas rémunéré.
- Votre remboursement ne permet pas de prêter à un autre projet du fait de son montant trop faible. Par exemple, sur la plateforme Credit.fr, le montant minimum que vous pouvez prêter est 50 €. Si vos remboursements sont inférieurs, et que vous ne faites rien, votre argent ne rapportera rien. vous devrez soit attendre d’autres remboursements pour pouvoir prêter ou alors déplacer votre argent vers un autre placement (livret, assurance vie, …).
Quel est le risque ?
Le risque de ce placement est très élevé. en effet le capital n’est pas garanti et le prêteur peut tout perdre en cas de non remboursement du prêt par l’entreprise emprunteuse.
Ceci est d’autant plus vrai que nous n’avons pas beaucoup d’antériorité sur ce type de placement en France car les plateformes de crowdlending sont encore très jeunes.
La plus ancienne, Unilend, n’a même pas 2 ans d’ancienneté. D’ailleurs sur cette plateforme on ne peut que constater que plusieurs sociétés ont eu des retards de paiement voire sont en redressement ou liquidation judiciaire. Un post sur le sujet est ouvert sur le forum et régulièrement alimentés par les crowdlenders.
Il faut savoir que, depuis le 1er janvier 2016, les pertes en capital sont déductibles des intérêts futurs sous certaines conditions.
Mon avis sur le crowdlending (si ça vous intéresse !)
Ce placement peut être intéressant à condition de bien sélectionner sa plateforme et ses projets et de correctement diversifier. Ceci permettra de limiter le risque d’impayés.
Cependant, compte tenu du risque élevé et de la fiscalité, ce type de placement n’est pas très rentable (contrairement à ce que l’on peut lire) par rapport à une assurance vie par exemple.
Par contre votre argent permet de financer l’économie réelle, les Petites et moyennes entreprises et vous savez à quoi il sert.
Enfin, compte tenu des remboursements mensuels et de la nécessité de choisir les projets, vous devrez y consacrer du temps, sans quoi votre rentabilité sera nettement altérée.
Si vous voulez vous exprimer sur le sujet, les commentaires sont à vous mais j’ai aussi ouvert un post sur le forum.
Une réponse à “Prêter aux entreprises : Est-ce un placement rentable ?”
Gregoire
Le tableau est très bien dressé, sur les avantages et les risques. Pas grand chose à redire. Cependant, il ne faut pas oublier la dimension humaine du crowdfunding… qui devrait s’appliquer également aux entreprises, car derrière un P&L, un bilan, il y a des individus dont le lien ne se mesure pas en taux d’intérêts.
Mathieu
Bonjour Grégoire,
C’est ce que je veux dire quand j’écris en conclusion :
« Par contre votre argent permet de financer l’économie réelle, les Petites et moyennes entreprises et vous savez à quoi il sert. »
Cependant je remarque que chaque type de crowdfunder a ses aspirations et elles ne sont pas les mêmes pour le don (aider), l’equity (defiscaliser et gagner) et le prêt (placer à des taux intéressants).
On aura bientôt l’occasion d’en parler j’espère 😉
le ptit vannetais
Je dirai que le choix dépend pour beaucoup de sa TMI.
Si vous êtes imposé à 30%, une AV peut être avantageuse dès 4 ans d’ancienneté (rachat) cela permet de placer son argent sur une durée relativement courte, en attendant un réinvestissement immobilier par exemple…
Le crowdlending avec ses 15.5% + 30% de fiscalité apparaît d’un coup bien moins attrayant (surtout lorsqu’on risque de payer des taxes sur un portefeuille globalement déficitaire).
Avec une TMI à 14%, une AV n’est avantageuse fiscalement qu’après 8 ans d’ancienneté, un blocage relativement long si vous êtes jeune et futur primo-accédant.
Avec 15.5% + 14% de fiscalité sur le crowdlending, vous conservez des intérêts nets intéressants et votre épargne n’est pas bloquée trop longtemps.
Tout cela restant conditionner à votre capacité à sélectionner les bons dossiers.